La résurrection du mammouth laineux : en voie de dés-extinction?

Un fantasme maintes fois évoqué

Allons-nous pouvoir admirer le fameux  ancêtre de l’éléphant se balader dans nos contrées, empruntant les voies des bus parisiens ? Pas tout à fait. Mais voir sur les plaines enneigées et gelées du nord de notre chère planète les pas de l’espèce de mammouth la plus connue de la communauté scientifique, les chances sont plus nombreuses ! C’est en tout cas cette possibilité que laisse entrevoir l’étude d’une équipe scientifique publiée le 23 avril dernier dans la revue Current Biology. Un ingénieur généticien de l’université d’Harvard, George Church, espère même un retour de l’animal parmi le commun des mortels en 2018.

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Mais cette affaire-là n’est pas née il y a seulement quelques mois. En effet depuis 1799, de nombreux cadavres de mammouths laineux congelés dans le permafrost (sol gelé en permanence), de Sibérie et de l’Alaska notamment, sont retrouvés. La plupart sont en bon état grâce aux miracles de la conservation du froid, et quelques uns sont observables dans plusieurs musées russes. De quoi en avoir des frissons !

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Des découvertes encourageantes

Ces découvertes de qualité ont ainsi amené de nombreux scientifiques à fantasmer sur une renaissance de la belle bête, et qui, à travers plusieurs études, ont (vainement) tenté de reproduire son génome (l’ensemble des gènes contenus dans l’ADN, sa carte d’identité génétique en somme) dans son intégralité. Le maximum atteint ayant été de 80% en 2008.

Cela jusqu’au 23 avril dernier, jour de la publication dans la revue Current Biology par une équipe canado-suédoise des résultats d’une étude annonçant la reconstitution quasi intégrale des séquences du génome. Alors comment cela a-t-il été possible?

L’équipe scientifique a pu extraire une dent et un échantillon de tissu mou de deux mammouths différents : l’un ayant vécu dans le nord-est de la Sibérie il y a 45 000 ans , l’autre sur une île russe de l’Océan Arctique appelée l’île de Wrangel. A partir de ces échantillons provenant des deux spécimens, les données des deux séquences ont été combinées, tout en se servant du génome de l’actuel éléphant d’Afrique en tant que base par la méthode dite de la “réécriture génomique”. Un dernier détail reste alors : dans quel ventre le futur bébé tout poilu va-t-il pouvoir se développer ? Dans la lignée de l’utilisation du génome de l’éléphant d’Afrique,  les utérus d’éléphantes d’Asie seraient utilisés pour la gestation des embryons, ces dernières agissant donc comme des mères porteuses. Ça semble presque évident maintenant que c’est dit, non ?

On a les ingrédients et la recette, mais quid du gâteau?

Et oui, tout semble prêt à être envoyé au charbon pour que l’on puisse se prendre à imaginer un remake de Jurassic Park dans quelques années ! Mais au-delà de la technique, qui est un problème éludé, la limite réside dans l’éthique de la démarche. Et c’est le co-auteur suédois de l’étude, le Dr. Love Dalén du Muséum d’histoire naturelle de Suède, qui en parle le mieux dans une interview pour la BBC: « Ce serait très amusant, dans l’idée, de voir un mammouth vivant, et d’observer comment il se comporte, comment il bouge, mais je ne suis pas certain qu’on devrait le faire. Il faudrait utiliser une éléphante comme mère porteuse et cela pose un problème éthique, puisque ce processus pourrait causer des douleurs à la femelle. »  Mais le problème réside aussi autre part que dans des douleurs animales.

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En effet il en existe trois autres:

  • La crainte évoquée par un autre coauteur de l’étude, le Pr Hendrik Poinar de l’université canadienne McMaster, que les mammouths soient ressuscités pour les enfermer dans des zoos.
  • La sociabilité de l’éléphant d’Afrique n’est sans doute pas due au hasard. Ainsi il faudrait recréer un grand nombre de mammouths avant de permettre une éventuelle réintroduction en Arctique, et en attendant d’autres spécimens, l’existence d’un mammouth seul nous renverrait vers le premier point.
  • Le lieu de la réintroduction du mammouth laineux dans un milieu naturel : l’espèce avait disparu il y a 4000 ans suite à un réchauffement climatique. Même si l’Arctique semble tout désigné aujourd’hui, il est inutile de rappeler que le même tragique phénomène se produit actuellement. Le retour de l’animal sonnerait alors comme un chant du cygne tout à fait inutile…

Comme vous l’avez compris, le retour du mammouth laineux semble sérieusement compromis. La voie de la dés-extinction est encore longue…

L’étude complète de la revue Current Biology

2 commentaires Ajoutez le vôtre

  1. Arthur dit :

    « Créer » un mammouth serait juste grandiose et géniale d’un point de vu scientifique, article très intéressant.
    De plus la présentation de votre blog est très agréable, cela m’a donné envie de lire plusieurs articles !
    Continuez comme ça

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    1. StrangePlanet dit :

      Bonsoir,
      Merci pour ce commentaire, ça nous donne envie de continuer à partager nos découvertes avec vous !

      Bonne soirée !

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